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Pendant le déjeuner, elle demanda pourtant à son bon ami s’il était bien sûr que le portrait de sa mère fût ressemblant.

— Comment l’aurais-je reconnu, dit-il, s’il ne l’était pas ? Tu sais bien que je ne veux pas mettre de complaisance avec toi. — Geoffrette, ajouta-t-il, allez me chercher ce dessin. Je veux le voir encore.

Geoffrette obéit, et le docteur le regarda encore attentivement et à plusieurs reprises, tout en savourant son café. Il ne disait plus rien, il paraissait absorbé, et Diane se demandait avec angoisse s’il ne revenait pas sur sa première impression. En ce moment, on annonça M. Flochardet, qui venait quelquefois prendre le café avec le docteur.

— Que regardez-vous donc là ? dit-il à M. Féron, quand il eut embrassé sa fille,

— Regardez vous-même, répondit le docteur.

M. Flochardet se pencha sur le dessin et pâlit.

— C’est elle, dit-il avec émotion. Oui, c’est bien cette chère et digne créature à laquelle, sans le dire à personne, je pense sans cesse, et à présent plus que jamais ! Mais qui a fait ce portrait, docteur ? C’est une copie du médaillon que je vous ai donné pour Diane. Seulement c’est infiniment mieux senti, et mieux rendu. La ressemblance est plus noble et plus vraie, C’est très-remarquable et je n’ai pas un seul élève capable d’en faire autant. Dites ! dites-donc qui a fait cela ?

— C’est… c’est, dit le docteur avec une hésitation maligne, un petit élève de… de moi, ne vous en déplaise !