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ne sais même pas trop ce que j’ai fait… mais qu’est-ce que tu as, toi ? te voilà pâle avec des larmes dans les yeux ?

— Ah ! seigneur Dieu ! s’écria Geoffrette, comment est-ce possible ? ce n’est pas vous qui avez fait cette figure-là ? Vous avez donc regardé le portrait ? vous l’avez donc copié ?

— Quel portrait ? je n’ai rien copié du tout.

— Alors… alors… c’est une vision, un miracle ? Monsieur le docteur, venez voir, venez voir cela ! qu’est-ce que vous en dites ?

— Quoi, qu’y a-t-il ? dit le docteur qui venait chercher Diane pour déjeuner. Pourquoi Geoffrette crie-t-elle au miracle ?

Et, regardant l’étude de Diane, il ajouta ; Elle a copié le médaillon ! Mais c’est bien, cela, ma fille ; sais-tu que c’est très-bien ? C’est même étonnant, et la ressemblance est frappante. Pauvre jeune femme ! Je crois la voir. Allons, ma fille, courage ! Tu feras de meilleurs portraits que ton père, celui-là est beau et il est vivant.

Diane interdite, regardait son étude et y retrouvait le souvenir fidèle du camée de son rêve, le type qu’elle avait gardé dans sa pensée ; mais c’était l’ouvrage de son imagination, et sans doute aussi la ressemblance que lui trouvait Geoffrette et le docteur était une affaire d’imagination. Elle ne voulut pas leur dire qu’elle n’avait jamais ouvert le médaillon : elle eût craint qu’ils ne le lui fissent ouvrir, et elle ne se jugeait pas encore digne de cette récompense.