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l’âge où on distingue le rêve de la réalité, et je ne suis pas inquiet de ta raison.

Diane remercia M. Féron de ses bonnes paroles et du beau cadeau qu’il avait obtenu pour elle. Elle baisa le médaillon, et, sans l’ouvrir, le serra précieusement dans son petit secrétaire, après s’être juré à elle-même qu’elle attendrait la permission de la muse mystérieuse — et elle se tint parole. Elle résista au désir de connaître cette figure chérie et elle se remit à la chercher au bout de son crayon. Mais elle tint aussi parole à son bon ami ; elle travailla avec plus de patience, ne s’obstinant plus à réussir tout de suite, et s’attachant à copier des études, sans espérer d’arriver à créer quelque chose de beau du jour au lendemain.

Une idée étrange qui l’aida à être patiente, c’est qu’elle croyait se rappeler parfaitement le beau profil qu’elle avait vu et touché dans son rêve. Il était toujours devant ses yeux, et toujours le même, toutes les fois qu’elle voulait y penser ; elle se défendait d’y penser trop longtemps et trop souvent car alors il lui semblait le voir trembloter et menacer de disparaître.