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moire et vous êtes trop maladroite pour avoir dessiné ma figure. Éloignez-vous d’ici. Le château bâille et se plaint. Il est las de résister aux orages et tout va s’écrouler.

Diane eut peur, mais la Dame au voile éloigna Blanche de la main, et entra dans le péristyle en faisant à Diane signe de la suivre. Diane obéit et le château s’abattit sur elles ; mais sans leur faire plus de mal que si c’eût été une petite bourrasque de neige, et le sol se trouva jonché de camées plus beaux les uns que les autres qui tombaient des nuages.

— Vite, dit la dame voilée, cherchons ma figure ! elle doit se trouver là-dedans, c’est à toi de la reconnaître. Si tu n’en viens pas à bout, tant pis pour toi, tu ne me connaîtras jamais ! Diane chercha longtemps, ramassant des pierres gravées, les unes en creux sur pierre dure, d’autres en relief sur des coquilles. Celle-ci représentant un personnage en pied d’une élégance extrême, celle-là un profil charmant ou sévère, quelques-unes grimaçantes comme des masques antiques, la plupart d’une expression austère ou mélancolique, et toutes d’un travail exquis qu’elle ne pouvait se défendre d’admirer. Mais la fée la pressait.

— Vite donc, disait-elle, ne t’amuse pas à regarder tout ce monde-là, c’est moi, moi seule qu’il faut trouver.

Alors Diane trouva sous sa main une cornaline transparente sur le fond de laquelle se découpait en blanc mat un profil d’une beauté idéale, coiffé de