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tendait M. Féron, ou si elle était sauvage et inculte comme l’insinuait madame Laure ; enfin si, pour son bien, il ne ferait pas mieux de la confier de nouveau aux soins de sa sœur, la religieuse de Mende.

De son côté, Diane apaisée par les sages paroles de Geoffrette, par le retour à la santé et par son bon naturel sans rancune, ne paraissait pas se tourmenter des petits reproches aigres et secs que lui lançait sa belle-mère ; mais elle ne l’aimait plus et ne cherchait plus à s’en faire aimer. Cette belle dame lui était devenue indifférente. Elle songeait à tout autre chose.

Le désir de s’instruire recommençait à la tourmenter, et ce n’était pas seulement le dessin qu’elle eût voulu apprendre, c’était l’histoire dont les enseignements du docteur sur l’art lui faisaient entrevoir l’intérêt et l’importance. Elle s’inquiétait du pourquoi et du comment des choses de ce monde. C’est trop tôt, lui disait le docteur ; à ton âge on est bien heureux de ne rien comprendre à la folie humaine. Mais, comme il est impossible de faire l’historique d’un art quelconque sans toucher à celui de ses causes de décadence et de progrès, autant dire à l’histoire entière du genre humain, il se laissait entraîner à l’instruire véritablement. Elle l’écoutait avec tant d’avidité qu’il regretta de ne pouvoir s’occuper d’elle avec suite, d’autant plus que, chez elle, Diane ne recevait aucune notion sérieuse. Flochardet parlait bien de lui donner une gouvernante, mais il était facile de prévoir qu’aucune ne paraîtrait supportable à madame Laure.