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— Il faudra que tu la retrouves. Viens avec moi, je t’apprendrai bien des choses.

La Dame au voile prit Diane dans ses bras et l’emporta… Je ne saurais vous dire où, Diane ne s’en est jamais souvenue. Il paraît qu’elle vit des choses bien belles, car lorsque Geoffrette vint pour la réveiller, elle la repoussa de la main et se retourna du côté de la ruelle pour dormir et rêver encore, mais son rêve était changé. La Dame au voile avait pris la figure et les habits du docteur, qui lui disait : « Qu’est-ce que cela me fait que madame Laure t’aime ou ne t’aime pas ? Nous avons bien d’autres chats à fouetter que de nous occuper d’elle ! » Puis Diane rêva que son lit était couvert d’images toutes plus belles les unes que les autres, et chaque fois qu’elle regardait une figure de déesse ou de muse, elle disait : Ah ! voilà ma mère, j’en suis sûre ! mais aussitôt la figure changeait et elle ne pouvait retrouver celle qu’elle avait cru reconnaître.

Vers neuf heures, le docteur, que Geoffrette avait averti, entra chez Diane avec son père. L’enfant était sans fièvre, l’accès était passé. On la soigna dans la journée, et la nuit suivante elle fut très-calme. Deux jours après, elle était de nouveau guérie, et sur l’ordre du docteur, elle recommençait sa vie de promenade et d’insouciance.