Page:Sand - Contes d une grand mere 1.djvu/67

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sans se ravoir ; et puis, tout à coup elle dit à Geoffrette :

— Nounou, où est maman ? Pas ma maman d’à-présent, non, non ! pas madame Laure ; ma vraie maman, celle d’auparavant !

— Ah ! mon Dieu ! dit Geoffrette toute surprise, elle est dans le ciel, vous le savez-bien !

— Oui, tu m’as déjà dit comme ça ! Mais où est-ce, le ciel ? Par où y va-t-on ?

— Par la raison, ma fille, par la bonté et par la patience, répondit Geoffrette, qui n’était point sotte, quoiqu’elle parlât peu et jamais sans nécessité.

Diane baissa la tête et réfléchit.

— Je sais, dit-elle, que je suis une enfant et que je n’ai pas de raison.

— Si fait ! vous en avez assez pour votre âge !

— Mais, à mon âge, on est sotte, n’est-ce pas, et on ennuie les autres ?

— Pourquoi dites-vous cela ? Est-ce que je m’ennuie avec vous ? Votre père vous chérit et le docteur vous aime.

— Mais madame Laure ?

Et, comme Geoffrette, qui n’aimait pas à mentir, ne répondait rien, Diane ajouta :

— Oh ! je sais très-bien qu’elle ne m’aime pas. Dis-moi si sa mère m’aimait.

— Sans doute, elle vous adorait, quoique vous fussiez un tout petit enfant.

— Et, à présent, si elle me voyait, m’aimerait-elle, moins ou plus ?