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rassurer ses parents en disant qu’elle n’avait rien et ne sentait aucun mal.

M. Flochardet, pour s’agiter moins, s’affectait encore plus que sa femme. Forcé de donner toutes les heures de sa journée à son travail de peintre, il restait le soir auprès du lit de sa fille et, l’entendant divaguer, il craignait qu’elle ne devînt folle.

Heureusement, il avait pour ami un bon vieux médecin qui jugea mieux les choses. Il connaissait bien madame Flochardet et observait sa manière d’agir avec l’enfant. Un jour, il dit à M. Flochardet : — Il faut laisser cette petite tranquille, jeter au panier toutes ces fioles et toutes ces pilules, ne lui donner que ce que j’ordonnerai et ne pas contrarier ses goûts, puisqu’elle n’en a que de raisonnables. Ne voyez-vous pas que l’oisiveté à laquelle on la condamne, par crainte de la rendre malade, la rend plus malade encore ? Elle s’ennuie ; laissez-la se chercher une occupation, et quand elle aura montré une préférence marquée pour une étude, aidez-la à s’y livrer. Surtout ne faites pas d’elle un petit mannequin à essayer des costumes, c’est une fatigue pour elle et non un plaisir. Laissez sa taille et ses cheveux libres, et, si madame Flochardet souffre de la voir ainsi, tâchez qu’elle l’oublie et s’occupe d’autre chose.

M. Flochardet comprit et, sachant qu’on persuadait difficilement madame Laure, il fit en sorte de la distraire. Il la rassura en lui apprenant que l’enfant n’avait rien de grave et il l’engagea à reprendre sa vie de visites, de promenades, de dîners en ville et de soirées de bal ou de conversation. Il n’eut pas