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sages et gracieuses. Quand le couvert fut enlevé : — Êtes-vous fatigué ? me dit Miquel ; voulez-vous dormir, ou apprendre mon histoire ?

— Je ne suis pas fatigué. Je veux ton histoire ; je l’attends avec impatience.

— Eh bien donc ! reprit-il, je vais vous la dire, — et se tournant vers ses sœurs, — vous la connaissez de reste, vous autres.

— Nous ne la connaissons pas assez, répondit Maguelonne.

— C’est-à-dire, ajouta Myrtile, ça dépend… Nous la connaissons toute d’une manière ; mais de l’autre… tu ne la contes jamais autant que nous voudrions.

Mes yeux étonnés demandaient à Miquel l’explication de cette réponse profondément obscure ; celui-ci, s’adressant à Maguelonne : — Fais comprendre cela à notre hôte, dit-il. La petite ne parle pas mal ; mais toi, tu parles mieux, étant l’aînée.

— Oh ! je ne saurai pas expliquer la chose, s’écria Maguelonne en rougissant.

— Si fait, lui dis-je, je vous prie d’expliquer, et je vous promets des questions, si je ne comprends pas tout de suite.

— Eh bien ! répondit-elle, un peu confuse, voilà ce que c’est : mon frère ne raconte pas mal quand il dit les choses comme elles sont pour tout le monde ; mais, quand il les dit comme il les a vues et comme il les entend, il est plus amusant, et il y a des jours où on ne se lasse pas de l’écouter. Dites-lui d’avoir confiance, peut-être qu’il trouvera au bout de sa