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diable s’en soit mêlé, j’ai été surpris par la marée avant que le jour ne parût, et emporté sur cette roche où sans vous je serais mort.

— C’est-à-dire, répondit Clopinet, qu’avec un peu de sang-froid et de raisonnement vous fussiez resté sans danger jusqu’au départ de la marée. Enfin vous voilà sain et sauf, prenez ces deux écus et allez en paix, j’ai assez de votre compagnie.

Le tailleur se confondit en remercîments ; il eût baisé les mains de Clopinet, si Clopinet l’eût laissé faire. La mer était loin, l’âne se trouvait tout rassuré et tout disposé pour transporter à Dives la ménagerie destinée à M. le curé ; Clopinet avait aussi ramassé beaucoup de plantes que son ami le pharmacien lui avait désignées en le priant de les lui rapporter ; il y en avait une grosse botte attachée sur le derrière du baudet. Le tailleur, bien que congédié, ne s’en allait pas, et regardait la cage et la gerbe de plantes avec une curiosité pleine de convoitise.

— Vous pouvez, lui dit Clopinet, vous rendre utile et gagner quelque chose en ramassant des herbes comme celles-ci ; quant aux oiseaux de la dune, quels qu’ils soient, je vous défends de leur tendre des piéges et de troubler leurs couvées.

— Pourtant, dit avec une timidité sournoise le tailleur attentif, les oiseaux du rivage sont à tout le monde. Il y a là, dans cette cage, des roupeaux magnifiques. Vous les avez pris, ils sont à vous ; mais il en reste, et si vous aviez pitié d’un pauvre homme, vous lui diriez où ces oiseaux se cachent pendant le