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Cela ne lui suffisait point. Les noms scientifiques des oiseaux sont latins et beaucoup des ouvrages qui traitent des sciences naturelles sont écrits en latin. Clopinet, dont le dimanche était libre, alla empailler des oiseaux chez le curé, à la condition que pendant son travail celui-ci lui enseignerait le latin. En une autre année, il sut tout le latin vulgaire dont il avait besoin pour son état.

Tout en s’instruisant ainsi, il empaillait toutes les bêtes que lui envoyaient ou lui apportaient, tant du pays que de l’étranger, les fournisseurs et correspondants du baron ; il réparait ou renouvelait celles de la collection qui étaient mal préparées ou détériorées ; il procédait aussi à un meilleur rangement après des discussions, quelquefois très-animées, avec son patron, car celui-ci croyait en savoir bien long et n’admettait pas aisément qu’il pût s’être trompé ; mais Clopinet, avec la résolution entêtée de son caractère et la droiture de son esprit naturel, arrivait toujours à le persuader ; alors le baron, qui n’était point sot, haussait les épaules, et, feignant d’y mettre de la lassitude ou de la complaisance, disait ; — Fais donc comme tu voudras ! Pour si peu de chose, je ne veux ni te fâcher, ni me fâcher moi-même. — Ce n’était pourtant pas peu de chose. Le curé, qui, pour être moins riche en échantillons, ne laissait pas que d’être plus instruit et plus intelligent que le baron, tenait Clopinet en grande estime, et déclarait que, si M. de Buffon venait à le connaître, il lui ferait faire son chemin.

Clopinet n’en était pas plus fier. Il savait bien le