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exploré et fouillé, il en vint à trouver la journée longue et à ne trop savoir que faire du repos. Déjà il connaissait à peu près les habitudes de toutes les bêtes au milieu desquelles il vivait ; il eut souhaité connaître leurs noms, de quels pays elles venaient, raconter les observations qu’il avait faites, causer enfin avec quelqu’un. Le temps était très-beau, le pied boueux des dunes séchait au soleil de mai et la plage redevenait un chemin praticable, aux heures de marée basse. Il vit donc apparaître quelques passants, et le cœur lui battit bien fort de l’envie d’aller leur parler, ne fût-ce que pour leur dire : « Il fait beau temps, il y a du plaisir à marcher. » Il n’osa pas, car, si on venait à lui demander, qui il était et ce qu’il faisait là, que répondrait-il ? Il savait qu’on blâme les vagabonds et que parfois on les ramasse pour les mettre en prison. Il était trop simple et trop honnête pour se donner un faux nom et inventer une fausse histoire ; il aima mieux ne pas se montrer.

Cependant, un matin le vent d’est lui apporta un son de cloches et lui apprit que c’était dimanche. Par habitude il mit ses meilleurs habits, et puis il attacha les trois plumes blanches à son bonnet, il se chaussa bien proprement, et, bien peigné, bien lavé, il se mit à marcher sans trop savoir où il allait. Il avait coutume d’aller à la messe le dimanche. C’était jour de rencontre et de causerie avec les jeunes gars de sa paroisse, parents ou amis. On jouait aux quilles, on dansait quelquefois. Cette cloche qui sonnait, c’était un appel à la vie commune ; Clopi-