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— Impossible, monsieur, à moins de laisser vos effets dans la voiture, qui ne peut plus marcher.

— Il n’est pas difficile d’en retirer mon bagage, qui n’est pas considérable, et d’en charger un de tes chevaux. Je monterai sur l’autre avec ma fille et tu nous montreras le chemin de l’habitation la plus voisine.

— Il n’y a aucune habitation que nous puissions gagner cette nuit. La montagne est trop mauvaise, et mes pauvres chevaux sont abîmés tous deux. Je ne sais pas comment nous sortirons d’ici, même en plein jour. À la grâce de Dieu ! Le plus pressé est de faire reposer la petite demoiselle. Je vais vous trouver une chambre où il y a encore des portes et des contrevents et dont le plafond ne s’écroulera pas. J’ai trouvé, moi, une espèce d’écurie pour mes bêtes, et comme j’ai mon petit sac d’avoine pour elles, comme vous avez quelques provisions pour vous, nous ne mourrons pas encore de misère ce soir. Je vais vous apporter toutes vos affaires et les coussins de la voiture pour dormir ; une nuit est bientôt passée.

— Allons, dit Flochardet, faisons comme tu l’entends, puisque tu as recouvré tes esprits. Il y a sans doute ici quelque gardien que tu connais et qui nous accordera l’hospitalité ?

— Il n’y a pas de gardien. Le château de Pictordu se garde tout seul. D’abord il n’y a rien à y prendre ; ensuite… Mais je vous raconterai ça plus tard. Nous voici à la porte de l’ancienne salle des bains. Je sais comment on l’ouvre. Entrez là, monsieur ; il n’y a