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— Tu l’as donc vu, le point rouge ? tu as de bons yeux ! C’est un drapeau que des voyageurs avaient planté sur le plus haut rocher de la montagne, il y a environ un mois, pour faire savoir à ceux qui les regardaient d’en bas qu’ils avaient réussi à monter jusque-là. Il est venu un fort coup de vent qui les a forcés de redescendre bien vite en laissant là leur drapeau que la bourrasque a emporté sur la crête du glacier, et qui y est resté accroché en attendant qu’une autre tempête le décroche.

Catherine dut se contenter de l’explication de Benoît ; mais il lui avait passé par la tête une fantaisie qui lui revint en voyant de loin la tante Colette se promener au bas du glacier avec son capulet de laine écarlate sur la tête et sur les épaules. Elle n’était pas si loin que Catherine ne pût la reconnaître, et, bien que la pauvre enfant n’eût pas filé trois aunes de fil ce jour-là, elle alla tout de suite à sa rencontre, sans songer à quitter sa quenouille pleine et son fuseau vide.



XII


Quand elle se vit tout près de la tante, elle s’aperçut de sa distraction ; mais il était trop tard pour reculer. Elle l’aborda résolument en lui demandant si elle ne craignait pas de se fatiguer en allant comme cela sur le glacier.