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vaine et Catherine, elle se retira dans sa chambre. Elles couchèrent dans celle où elles se trouvaient et où il y avait un troisième lit pour Renée, la petite servante.

Comme ce lit se trouvait tout près de celui de Catherine, elles babillèrent tout bas avant de s’endormir. Sylvaine était si lasse qu’elle n’eut pas le temps de les écouter. Catherine faisait mille questions à Renée, qui était à peu près de son âge. Elle n’avait qu’une chose en tête, elle voulait savoir si elle connaissait le secret de sa grand’tante pour filer les nuages. — Il n’y a pas d’autre secret, lui répondit Renée, que d’avoir beaucoup d’adresse et de patience.

— Pourtant, pour saisir un nuage, le mettre sur une quenouille, l’empêcher de vous fondre dans les doigts, en tirer un fil…

— Ce n’est pas là le difficile ; le tout, c’est de faire le nuage.

— Comment ! de faire le nuage ?

— Eh oui, c’est de le carder !

— Carder le nuage ! avec quoi ?

Renée ne répondit pas ; elle s’endormait.

Catherine essaya de s’endormir aussi, mais elle était trop agitée ; le sommeil ne venait pas. La chandelle était éteinte, et dans la cheminée il n’y avait plus que quelques braises. Cependant Catherine voyait une petite clarté dans le haut de la chambre. Elle sortit sa tête du lit et vit qu’au haut de l’escalier par où la tante Colette s’en était allée, il y avait, le long de la porte, un filet de lumière. Elle n’y put