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Catherine pensa que sa mère se trompait et n’osa pas la contredire ; mais elle était impatiente d’aller s’assurer de la vérité et elle grimpait comme une petite chèvre, encore qu’elle n’eût point quatre pattes à son service.

Quand elles furent rendues au village, Sylvaine bien lasse et Catherine un peu essoufflée, on leur dit que la tante Colette n’y demeurait pas l’été ; mais elle était de la paroisse, et sa maison n’était pas bien loin. Alors on leur montra un petit toit de planches couvert de grosses pierres, avec des sapins tout autour, et on leur dit : — C’est là ; vous n’avez plus qu’une petite heure à marcher, et vous y serez. — Sylvaine manqua perdre courage. Il y avait autant à monter pour arriver à cette maison qu’on avait déjà monté pour gagner le village, et c’était encore plus raide et plus effrayant.

Elle avait peur que Catherine n’eût pas la force d’aller jusque-là, et l’endroit lui paraissait si laid et si sauvage qu’elle pensa à redescendre et à retourner vite dans son pays, sans faire savoir à la vieille tante qu’elle était venue dans le sien ; mais Catherine n’était point lasse ni effrayée, elle rendit le courage à sa mère, et, quand elles eurent déjeuné, elles se remirent à grimper. Il n’y avait pas à choisir le bon chemin, il n’y en avait qu’un, et elles n’avaient pas besoin de guide ; elles n’eussent pu se distraire en causant avec lui ; les gens de ce pays-là ne savaient que quelques mots de français. Ils parlaient un patois que ni Catherine ni sa mère ne pouvaient comprendre.