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V


Quand elle eut douze ans, sa mère lui dit : — Serais-tu contente de voyager un peu, ma fille, et de voir des pays nouveaux ?

— Certainement, répondit Catherine ; j’ai toujours eu envie de voir les pays bleus.

— Que me chantes-tu là, petite ? Il n’y a pas de pays bleus !

— Si fait, je les vois tous les jours du toit de la bergerie ; tout autour de notre pays qui est vert, il y a un grand pays qui est bleu.

— Ah ! je vois ce que tu veux dire ; ça te paraît comme ça parce que c’est loin. Eh bien ! tu peux contenter ton envie ; ta grand’tante Colette, qui demeure loin d’ici dans la montagne et que tu ne connais pas, parce qu’elle n’est pas revenue chez nous depuis plus de trente ans, demande à nous voir. La voilà très vieille, et elle est seule, n’ayant jamais été mariée. Elle n’est pas bien riche, et tu auras soin de ne lui rien demander ; au contraire il faut lui offrir ce qu’elle pourra désirer de nous. J’ai peur qu’elle ne s’ennuie et qu’elle ne meure faute de soins ; allons la trouver, et, si elle veut que nous la ramenions au pays, je suis prête à lui obéir, comme c’est mon devoir.

Catherine se souvint vaguement d’avoir entendu