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— Si fait. J’en ai vu beaucoup, mais cela ne m’intéresse pas pour le moment. Je te prie, mon ami, de remonter sur ta bête et d’aller le plus vite que tu pourras.

— Pardon, monsieur, pas encore. Nous avons à passer le réservoir des cascades du parc. Il n’y a presque plus d’eau, mais il y a beaucoup de décombres, et il faudra que je conduise mes chevaux prudemment. Ne craignez rien pour la petite demoiselle, il n’y a pas de danger.

— C’est possible, répondit Flochardet, mais j’aime autant la prendre dans mes bras ; tu m’avertiras.

— Nous y sommes, monsieur, faites comme vous voudrez.

Le peintre fit arrêter la voiture, et en retira sa petite Diane, qui s’était assoupie et commençait à sentir le malaise de la fièvre.

— Montez cet escalier, dit le postillon ; vous traverserez la terrasse et vous vous trouverez en même temps que moi au tournant du chemin.

Flochardet monta l’escalier, portant toujours sa fille. C’était, malgré son état de délabrement, un escalier vraiment seigneurial, avec une balustrade qui avait été très-belle et d’élégantes statues dressées encore de distance en distance. La terrasse, autrefois dallée, était devenue comme un jardin de plantes sauvages qui avaient poussé dans les pierres disjointes et qui s’étaient mêlées à quelques arbustes plus précieux, autrefois plantés en corbeille. Des chèvre-feuilles couleur de pourpre se mariaient à d’énormes