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voisins. — Bah ! bah ! ce n’est rien, répondaient-ils ; c’est l’orage qui l’a épeurée. Ça sera passé demain.

Le lendemain, en effet, c’était passé. Le soleil se leva tout joyeux. Catherine fit comme le soleil et monta en même temps que lui sur le chaume de sa bergerie. La maison était endommagée, mais la bergerie, plus basse et mieux abritée, n’avait pas souffert. Les petites fleurs du toit, que la pluie avait un peu couchées, les jolies chélidoines jaunes, les orpins blancs et les joubarbes se relevaient et semblaient dire au soleil, en tournant leurs petites figures de son côté : Te voilà donc revenu ? Bonjour, cher père, ne t’en va plus ; nous ne savons que devenir quand tu te caches.

Catherine eut envie de dire bonjour aussi au père soleil ; mais elle avait peur de l’avoir fâché en laissant échapper le nuage qui s’était tant battu avec lui la veille. Elle n’osa point demander à sa mère, qui passait au-dessous d’elle dans le jardin, si on pouvait fâcher et défâcher le soleil. Sylvaine n’aimait pas les rêvasseries, et Catherine, qui était obéissante, résolut de ne plus en avoir.

Elle en vint à bout ; sa merlesse l’occupa tous les jours suivants, jusqu’à ce qu’elle mourût pour avoir mangé trop de pâtée au fromage blanc. Catherine eut du chagrin et éleva un moineau qui fut croqué par le chat. Autre chagrin. Elle se dégoûta des bêtes et voulut aller à l’école, et puis elle prit goût à sa quenouille, et en grandissant elle devint une fillette très-aimable et une fileuse très-habile.