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mère se retrouvaient, elle songea enfin à dénouer son tablier, et seulement alors elle se souvint d’y avoir mis ou cru mettre quelque chose qu’elle avait pris pour son agnèle ; qu’est-ce que cela pouvait être ? — Je n’en sais rien, se disait-elle ; mais il n’est point possible que j’aie ramassé une chose qui n’existe point.

La peur la prit et la curiosité aussi. Elle s’en alla sur le toit de la bergerie, qui descendait, tout moussu, jusqu’à terre, et où il poussait un tas de petites fleurs semées par le vent, voire de jeunes épis verts déjà formés. Ce toit était petit, mais très-joli, bien doux parce qu’il était en vieux chaume, et bien exposé au soleil levant. Plus d’une fois pendant l’été, Catherine y avait oublié l’heure d’aller au pré et fait u» bon somme pour parfaire sa nuitée, toujours trop courte à son gré. Elle monta donc au faîte de ce tect, c’est ainsi qu’en ce pays-là on appelle l’abri des troupeaux, et, avec grande précaution, elle dénoua son tablier. Qu’est-ce qu’il pouvait donc y avoir, mon Dieu ! dans ce tablier ?



II


C’était un tablier de cotonnade bleue, qui avait été taillé dans un vieux tablier de la mère Sylvaine, et qui n’était ni frais ni beau ; mais dans ce moment-là, si on eût demandé à Catherine de l’échanger