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présentant la cassette, il n’y point de clé, et je ne connais pas le secret pour l’ouvrir.

— Je le sais, moi, répondit la grenouille en bondissant de joie. Il faut qu’une bouche qui n’a jamais menti dise simplement : Cassette, ouvre-toi !

— Eh bien ! dites-le, madame.

— Je ne saurais, ma fille. J’ai été forcée de mentir jadis pour cacher les secrets de ma science. C’est à toi de parler, et nous allons voir si ta langue est, comme je le crois, pure de tout mensonge.

— Cassette, ouvre-toi ! dit Marguerite avec assurance, — et la cassette s’ouvrit. Il en sortit comme une flamme rouge, dont la grenouille ne parut point se soucier. Elle y plongea ses pattes et en tira un petit miroir encadré d’or, puis un collier d’émeraudes étincelantes montées à l’ancienne mode, des pendants d’oreilles assortis, un bandeau et une ceinture de grosses perles fines avec des agrafes d’émeraudes. Elle se para de ces richesses et se regarda au miroir en faisant les plus étranges minauderies.

Marguerite l’observait avec anxiété, craignant qu’elle ne disparût avec les bijoux de sa grand’mère ; mais Coax ne songeait point à fuir. Ivre de plaisir et de confiance, elle s’ajustait et se regardait dans le miroir avec des mouvements désordonnés et des grimaces singulières. Ses yeux ronds lançaient des flammes, une écume verdâtre sortait de sa bouche et son corps devenait glauque et livide, tandis que sa taille prenait des proportions presque humaines. — Margot, Margot, s’écriait-elle sans plus songer à