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vous trouver dans vos douves, que je connais comme ma poche. Vous devez épouser votre cousin, ma chère, ce sera pour vous le bonheur et la gloire.

— Vous ne lui en voulez donc pas pour le coup de canne qu’il a voulu vous donner ?

— Il ne savait pas qui j’étais, il me prenait pour une grenouille comme une autre. Cela m’a fait penser qu’il serait prudent de porter désormais ma couronne et mes bijoux ; je compte m’habiller ce soir comme il convient à mon rang.

— Votre couronne et vos bijoux ? dit Marguerite étonnée, où sont-ils donc ?

— Je viens te les demander, Margot, car ils sont chez toi.

— Comment cela ?

— Apprends mon histoire, que j’allais te raconter l’autre jour quand ton affreux cygne, cet oiseau de malheur que tu appelles Névé et qui n’est autre que le prince Rolando, est venu te priver de mes confidences. Entends-le ! Il s’agite dans sa cabane de planches, il voudrait me dévorer ; mais je me suis assurée qu’il était bien enfermé : d’ailleurs je sais des paroles magiques pour le tenir en respect. Écoute-moi donc, et fais ton profit de ce que je vais te révéler :

» Je suis une de tes aïeules, non pas directe, je suis la trisaïeule de la trisaïeule de ta tante madame de Puypercé, mère de ton cousin le colonel. C’est pourquoi je m’intéresse à lui et à toi. J’ai à présent l’honneur d’être fée ; mais j’étais mortelle comme