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me quitter. Tu peux t’en retourner à ton régiment ou à tes plaisirs.

— Puisque vous me congédiez, ma chère tante, répondit-il, j’ai l’honneur, de vous faire mes adieux. Je partirai demain de grand matin. Adieu. Marguerite, vous réfléchirez. — Et il se retira en saluant avec grâce.

— Bonne-maman, qu’est-ce que cela veut dire ? s’écria Marguerite dès qu’il fut sorti.

— Cela veut dire, mon enfant, que, si tu veux épouser ton cousin Puypercé, la chose ne dépend que de toi.

— Comment ? il était venu pour me demander en mariage ?

— Non, il n’y songeait point ; mais l’idée lui en est venue ce matin.

— Pourquoi donc ?

— C’est peut-être qu’il t’a trouvée jolie ? dit en souriant madame Yolande.

— Grand’mère, ne vous moquez point ! Je ne suis pas jolie, et je le sais bien. Je ne suis qu’une grenouillette, vous me l’avez dit souvent.

— Et cela ne m’a pas empêchée de t’aimer ; on peut donc être grenouillette et inspirer de l’affection.

— Mon cousin m’aimerait ! Non ; il me connaît trop peu. Dites-moi la vérité, grand’mère ; il ne peut pas m’aimer.

— C’est à toi de me dire ce que j’en dois penser ; vous vous êtes promenés ensemble toute l’après-midi. Je n’y étais pas. Il a dû te dire beaucoup de