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tout son être. Elle accepta sans impatience les naïvetés du bon marquis et les grosses platitudes de son gendre. Elle communiqua même sa bonne humeur à Blanche et l’emmena, un peu à son corps défendant, explorer les ruines au grand jour.

Le docteur ne s’était pas borné à démontrer le beau dans l’art à sa chère Diane, il le lui avait fait saisir aussi dans la nature, et il lui avait donné des notions qui rendaient ses promenades intéressantes. Il lui avait recommandé de lui rapporter de son voyage quelques plantes rares qui sont particulières aux Cévennes : reseda jaquini, saxifraga clusii, senecio lanatus, cynanchium cordatum, œthionème saxatile, etc. Diane les chercha et les trouva. Elle les recueillit avec soin pour son vieil ami et récolta pour son propre compte des fleurs moins précieuses, mais charmantes encore : la potentille des rochers, le beau géranion bleu des prés et le gracieux géranion noueux, la saponaire ocymoïde qui tapissait de ses innombrables fleurettes roses les parois rocheuses de la rivière, l’érine alpestre qui s’épanouissait sur les ruines dans les endroits humides, et la renoncule de Montpellier qui étoilait d’or les gazons de la terrasse. Tout en cherchant ces fleurettes, Diane ramassa une pièce de monnaie assez informe, couverte d’une épaisse couche d’oxyde, et la remit à Blanche en lui disant de la nettoyer avec précaution sans la gratter.

— Gardez-la, répondit la vicomtesse, si vous attachez quelque prix à ces vieux liards ; moi je n’y connais rien et j’en ai beaucoup d’autres dont je ne fais aucun cas.