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elle fut traitée en ennemie par sa belle-mère, qualifiée de tyran et dénoncée comme avare à qui voulait l’entendre.

Diane souffrit beaucoup de cette persécution, et bien des fois elle fut sur le point de retourner dans la maison du docteur pour y travailler en paix ; mais elle s’en défendit, sachant que son père serait malheureux sans elle.

Un jour, elle reçut la visite d’une jeune dame qu’elle hésita peu à reconnaître, tant elle avait la mémoire développée à l’endroit des figures. C’était madame la vicomtesse Blanche de Pictordu, mariée depuis peu avec un de ses cousins ; toujours jolie, toujours pauvre et mécontente de son sort, mais toujours fière de son nom qu’elle avait la consolation de n’avoir pas quitté. Elle présenta son jeune époux à Diane. C’était un garçon fort niais, d’une figure commune et sotte. Mais c’était un Pictordu, un vrai, de la branche aînée, et Blanche n’eût pas compris qu’un autre fût plus digne d’elle.

Malgré cette obstination dans ses idées, Blanche était devenue plus sociable et comme, à tous autres égards, elle avait un certain esprit, elle se montra fort gracieuse pour Diane, lui fit compliment de son talent et n’affecta pas comme autrefois de rabaisser sa profession. Diane la revit avec plaisir, son nom et sa personne rafraîchissaient ses plus doux souvenirs d’enfance. Pour l’engager à revenir, elle lui demanda de lui laisser faire son portrait. Blanche devint pourpre de plaisir, comme au temps où elle avait reçu la boucle de turquoises. Elle se savait