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qu’Emmi tenait toujours par sa blouse. C’est une pauvresse qui veut vendre un gars aux sauteurs de corde ; mais on l’empêchera bien, gendarme, on n’a pas besoin de vous.

— On a toujours besoin de la gendarmerie, mon ami. Je veux savoir ce qu’il y a de cette histoire-là.

Et, s’adressant à Emmi :

— Parle, jeune homme, explique-moi l’affaire.

À la vue du gendarme, la vieille Catiche avait lâché Emmi et avait essayé de fuir ; mais le majestueux Érambert l’avait saisie par le bras, et vite elle s’était mise à rire et à grimacer en reprenant sa figure d’idiote. Pourtant, au moment où Emmi allait répondre, elle lui lança un regard suppliant où se peignait un grand effroi. Emmi avait été élevé dans la crainte des gendarmes, et il s’imagina que, s’il accusait la vieille, Érambert allait lui trancher la tête avec son grand sabre. Il eut pitié d’elle et répondit :

— Laissez-la, monsieur, c’est une femme folle et imbécile qui m’a fait peur, mais qui ne voulait pas me faire de mal.