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j’évitais le moindre choc. Je remontai ainsi avec précaution jusqu’au palais de nuées sombres où m’attendait mon père.

» — Que veux-tu ? me dit-il, et pourquoi as-tu laissé debout cette forêt que je vois encore sur les rivages de l’Inde ? Retourne l’exterminer au plus vite.

» — Oui, répondis-je en lui montrant la rose, mais laisse-moi te confier ce trésor que je veux sauver.

» — Sauver ! s’écria-t-il en rugissant de colère ; tu veux sauver quelque chose ?

» Et, d’un souffle, il arracha de ma main la rose, qui disparut dans l’espace en semant ses pétales flétries.

» Je m’élançai pour ressaisir au moins un vestige ; mais le roi, irrité et implacable, me saisit à mon tour, me coucha, la poitrine sur mon genou, et, avec violence, m’arracha mes ailes, dont les plumes allèrent dans l’espace rejoindre les feuilles dispersées de la rose.

» — Misérable enfant, me dit-il, tu as connu la pitié, tu n’es plus mon fils. Va-t’en rejoindre