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voulu me manger, que j’ai été obligé de coucher sur un arbre, et elle me permettra d’aller chercher une autre condition.

Il mangea le reste de son pain ; mais, au moment de se remettre en route, il voulut remercier le chêne qui l’avait protégé le jour et la nuit.

— Adieu et merci, mon bon chêne, dit-il en baisant l’écorce, je n’aurai plus jamais peur de toi, et je reviendrai te voir pour te remercier encore.

Il traversa la lande, et il se dirigeait vers la chaumière de sa tante, lorsqu’il entendit parler derrière le mur du jardin de la ferme.

— Avec tout ça, disait un des gars, notre porcher n’est pas revenu, on ne l’a pas vu chez sa tante, et il a abandonné son troupeau. C’est un sans-cœur et un paresseux à qui je donnerai une jolie roulée de coups de sabot, pour le punir de me faire mener ses bêtes aux champs aujourd’hui à sa place.

— Qu’est-ce que ça te fait, de mener les porcs ? dit l’autre gars.

— C’est une honte à mon âge, reprit le premier : cela convient à un enfant de dix ans,