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Emmi, va-t’en ! » Emmi se sentit le courage de répondre :

— Chêne, mon beau chêne, ne me renvoie pas. Si je descends, les loups qui courent la nuit me mangeront.

— Va, Emmi, va ! reprit la voix encore plus radoucie.

— Mon bon chêne parlant, reprit aussi Emmi d’un ton suppliant, ne m’envoie pas avec les loups. Tu m’as sauvé des porcs, tu as été doux pour moi, sois-le encore. Je suis un pauvre enfant malheureux, et je ne puis ni ne voudrais te faire aucun mal : garde-moi cette nuit ; si tu l’ordonnes, je m’en irai demain matin.

La voix ne répliqua plus, et la lune argenta faiblement les feuilles. Emmi en conclut qu’il lui était permis de rester, ou bien qu’il avait rêvé les paroles qu’il avait cru entendre. Il s’endormit et, chose étrange, il ne rêva plus et ne fit plus qu’un somme jusqu’au jour. Il descendit alors et secoua la rosée qui pénétrait son pauvre vêtement.

— Il faut pourtant, se dit-il, que je retourne au village, je dirai à ma tante que mes porcs ont