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limites ! Dans la saison des pluies, nous savourions, à l’abri des arbres géants, la chaude humidité du feuillage. C’était la saison douce où le recueillement de la nature nous remplissait d’une sereine quiétude. Les plantes vigoureuses, à peine abattues par l’été torride, semblaient partager notre bien-être et se retremper à la source de la vie. Les belles lianes de diverses espèces poussaient leurs festons prodigieux et les enlaçaient aux branches des cinnamones et des gardenias en fleurs. Nous dormions à l’ombre parfumée des mangliers, des bananiers, des baumiers et des cannelliers. Nous avions plus de plantes qu’il nous en fallait pour satisfaire notre vaste et frugal appétit. Nous méprisions les carnassiers perfides ; nous ne permettions pas aux tigres d’approcher de nos pâturages. Les antilopes, les oryx, les singes recherchaient notre protection. Des oiseaux admirables venaient se poser sur nous par bandes pour nous aider à notre toilette. Le noctariam, l’oiseau géant, peut-être disparu aujourd’hui, s’approchait de nous sans crainte pour partager nos récoltes.