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consuelo.

contenu de la corbeille, regardait sa compagne d’un air étonné.

« Eh bien, mère Berthe, dit le chanoine, vous me rapportez les objets que j’ai prêtés à votre hôtesse ? C’est bon, c’est bon. Je n’en étais pas en peine, et je n’ai pas besoin d’y regarder pour être sûr qu’il n’y manque rien.

— Monsieur le révérend, répondit la vieille, ma servante a tout apporté ; j’ai tout remis à vos officiers. Il n’y manque rien en effet, et je suis bien tranquille là-dessus. Mais cette corbeille, on m’a fait jurer de ne la remettre qu’à vous, et ce qu’elle contient, vous le savez aussi bien que moi.

— Je veux être pendu si je le sais, dit le chanoine en avançant la main négligemment vers la corbeille.

Mais sa main resta comme frappée de catalepsie, et sa bouche demeura entr'ouverte de surprise, lorsque, le voile s’étant agité et entr'ouvert comme de lui-même, une petite main d’enfant, rose et mignonne, apparut en faisant le mouvement vague de chercher à saisir le doigt du chanoine.

« Oui, monsieur le révérend, reprit la vieille femme avec un sourire de satisfaction confiante ; le voilà sain et sauf, bien gentil, bien éveillé, et ayant bonne envie de vivre. »

Le chanoine stupéfait avait perdu la parole ; la vieille continua :

« Dame ! Votre Révérence l’avait demandé à sa mère pour l’élever et l’adopter ! La pauvre dame a eu un peu de peine à s’y décider ; mais enfin nous lui avons dit que son enfant ne pouvait pas être en de meilleures mains, et elle l’a recommandé à la Providence en nous le remettant pour vous l’apporter : « Dites bien à ce digne chanoine, à ce saint homme, s’est-elle exclamée en montant dans sa voiture, que je n’abuserai pas longtemps de son zèle charitable. Bientôt je reviendrai chercher ma fille et