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consuelo.

mortuaire une main rude, qu’elle n’hésita pas à serrer dans la sienne :

« Faisons la paix sur son lit de repos, ma pauvre fille, lui dit-il en souriant. Tu es une bonne fille de Dieu, et Albert est content de toi. Va, il est heureux dans ce moment-ci, il dort si bien, le bon Albert ! Je lui ai pardonné, tu le vois ! Je suis revenu le voir quand j’ai appris qu’il dormait ; à présent je ne le quitterai plus. Je l’emmènerai demain dans la grotte, et nous parlerons encore de Consuelo, Consuelo de mi alma ! Va te reposer, ma fille ; Albert n’est pas seul. Zdenko est là, toujours là. Il n’a besoin de rien. Il est si bien avec son ami ! Le malheur est conjuré, le mal est détruit ; la mort est vaincue. Le jour trois fois heureux s’est levé. Que celui à qui on a fait tort te salue !

Consuelo ne put supporter davantage la joie enfantine de ce pauvre fou. Elle lui fit de tendres adieux ; et quand elle rouvrit la porte de la chapelle, elle laissa Cynabre se précipiter vers son ancien ami, qu’il n’avait pas cessé de flairer et d’appeler.

« Pauvre Cynabre ! viens ; je te cacherai là sous le lit de ton maître, dit Zdenko en le caressant avec la même tendresse qui si c’eût été son enfant. Viens, viens, mon Cynabre ! nous voilà réunis tous les trois, nous ne nous quitterons plus ! »

Consuelo alla réveiller le Porpora. Elle entra ensuite sur la pointe du pied dans la chambre de Christian, et passa entre son lit et celui de la chanoinesse.

« C’est vous ? ma fille, dit le vieillard sans montrer aucune surprise : je suis bien heureux de vous voir. Ne réveillez pas ma sœur, qui dort bien, grâce à Dieu ! et allez en faire autant ; je suis tout à fait tranquille. Mon fils est sauvé, et je serai bientôt guéri. »