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consuelo.

l’embrasure d’une fenêtre pour lui parler tout bas, en français, ainsi qu’il suit :

« Mademoiselle, un médecin est un confesseur. J’ai donc appris bien vite ici le secret de la passion qui conduit ce jeune homme au tombeau. Comme médecin, habitué à approfondir les choses et à ne pas croire facilement aux perturbations des lois du monde physique, je vous déclare que je ne puis croire aux étranges visions et aux révélations extatiques du jeune comte. En ce qui vous concerne, du moins, je trouve fort simple de les attribuer à de secrètes communications qu’il a eues avec vous touchant votre voyage à Prague et votre prochaine arrivée ici. »

Et comme Consuelo faisait un geste négatif, il poursuivit : « Je ne vous interroge pas, mademoiselle, et mes suppositions n’ont rien qui doive vous offenser. Vous devez bien plutôt m’accorder votre confiance, et me regarder comme entièrement dévoué à vos intérêts.

— Je ne vous comprends pas, monsieur, répondit Consuelo avec une candeur qui ne convainquit point le médecin de cour.

— Vous allez me comprendre, mademoiselle, reprit-il avec sang-froid. Les parents du jeune comte se sont opposés à votre mariage avec lui, de toutes leurs forces jusqu’à ce jour. Mais enfin, leur résistance est à bout. Albert va mourir, et sa volonté étant de vous laisser sa fortune, ils ne s’opposeront point à ce qu’une cérémonie religieuse vous l’assure à tout jamais.

— Eh ! que m’importe la fortune d’Albert ? dit Consuelo stupéfaite : qu’a cela de commun avec l’état où je le trouve ? Je ne viens pas ici pour m’occuper d’affaires, monsieur ; je viens essayer de le sauver. Ne puis-je donc en conserver aucune espérance ?

— Aucune ! Cette maladie, toute mentale, est de