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consuelo.

— Mais vous avez eu ensuite d’autres leçons ? Vous avez étudié en Italie ?

— Non, monsieur.

— C’est vous qui avez tenu l’orgue ?

— Tantôt moi, tantôt mon camarade.

— Et qui a chanté ?

— Nous deux.

— Fort bien ! Mais le thème du Porpora, ce n’est pas vous, dit l’inconnu, tout en regardant Consuelo de côté.

— Bah ! ce n’est pas cet enfant-là ! dit le chanoine en regardant aussi Consuelo, il est trop jeune pour savoir aussi bien chanter.

— Aussi ce n’est pas moi, c’est lui, répondit-elle brusquement en désignant Joseph. »

Elle était pressée de se délivrer de ces questions, et regardait la porte avec impatience.

« Pourquoi dites-vous un mensonge, mon enfant ? dit naïvement le curé. Je vous ai déjà entendu et vu chanter hier, et j’ai bien reconnu l’organe de votre camarade Joseph dans le solo de Bach.

— Allons ! vous vous serez trompé, monsieur le curé, reprit l’inconnu, avec un sourire fin, ou bien ce jeune homme est d’une excessive modestie. Quoi qu’il en soit, nous donnons des éloges à l’un et à l’autre. »

Puis, tirant le curé à l’écart :

« Vous avez l’oreille juste, lui dit-il, mais vous n’avez pas l’œil clairvoyant ; cela fait honneur à la pureté de vos pensées. Cependant, il faut vous détromper : ce petit paysan hongrois est une cantatrice italienne fort habile.

— Une femme déguisée ! » s’écria le curé stupéfait.

Il regarda Consuelo attentivement tandis qu’elle était occupée à répondre aux questions bienveillantes du