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consuelo.

si honorable de ses occupations, je dois le remettre où je l’ai pris sans qu’il lui en coûte rien. Mais je ne veux pas qu’il pose le pied dans mes États. Il a trop d’esprit pour nous.

— Qu’ordonne Votre Majesté à l’égard de la cantatrice ?

— On la conduira sous escorte, bon gré mal gré, à Sans-Souci, et on lui donnera un appartement dans le château.

— Dans le château, Sire ?

— Eh bien ! êtes-vous devenu sourd ? L’appartement de la Barberini !

— Et la Barberini, Sire, qu’en ferons-nous ?

— La Barberini n’est plus à Berlin. Elle est partie. Vous ne le saviez pas ?

— Non, Sire.

— Que savez-vous donc ? Et dès que cette fille sera arrivée, on m’avertira, à quelque heure que ce soit du jour ou de la nuit. Vous m’avez entendu ? Ce sont là les premiers ordres que vous allez faire inscrire sur le registre numéro 1 du commis de ma chatouille : le dédommagement à Karl ; le renvoi du Porpora ; la succession des honneurs et des profits de la Barberini à la Porporina. Nous voici aux portes de la ville. Reprends ta bonne humeur, Buddenbrock, et tâche d’être un peu moins bête quand il me prendra fantaisie de voyager incognito avec toi. »

CIII.

Le Porpora et Consuelo arrivèrent à Prague par un froid assez piquant, à la première heure de la nuit. La lune éclairait cette vieille cité, qui avait conservé dans son aspect le caractère religieux et guerrier de son histoire.