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sont arrivés par là… Mais j’y étais par hasard, je n’étais pas armé, et d’ailleurs je ne l’ai pas reconnu tout de suite, lui !… Mais tout à l’heure, il va repasser par là, et j’y serai, moi ! J’y serai bientôt par le sentier du parc, et je le devancerai, quoiqu’il soit bien monté… Et comme vous le dites, signora, j’ai une carabine, une bonne carabine, et il y a dedans une bonne balle pour son cœur. Elle y est depuis tantôt ; car je ne plaisantais pas quand je faisais le guet accoutré en faux pirate. Je trouvais l’occasion assez belle, et je l’ai visé plus de dix fois ; mais vous étiez là, toujours là, et je n’ai pas tiré… Mais tout à l’heure, vous n’y serez pas, il ne pourra pas se cacher derrière vous comme un poltron… car il est poltron, je le sais bien, moi. Je l’ai vu pâlir, et tourner le dos à la guerre, un jour qu’il nous faisait avancer avec rage contre mes compatriotes, contre mes frères les Bohémiens. Ah ! quelle horreur ! car je suis Bohémien, moi, par le sang, par le cœur, et cela ne pardonne pas. Mais si je suis un pauvre paysan de Bohême, n’ayant appris dans ma forêt qu’à manier la cognée, il a fait de moi un soldat prussien, et, grâce à ses caporaux, je sais viser juste avec un fusil.

— Karl, Karl, taisez-vous, vous êtes dans le délire ! vous ne connaissez pas cet homme, j’en suis sûre. Il s’appelle le baron de Kreutz ; je parie que vous ne saviez pas son nom et que vous le prenez pour un autre. Ce n’est pas un recruteur, il ne vous a pas fait de mal.

— Ce n’est pas le baron de Kreutz, non, signora, et je le connais bien. Je l’ai vu plus de cent fois à la parade ; c’est le grand recruteur, c’est le grand maître des voleurs d’hommes et des destructeurs de familles ; c’est le grand fléau de la Bohême, c’est mon ennemi, à moi. C’est l’ennemi de notre Église, de notre religion et de tous nos saints ; c’est lui qui a profané, par ses rires impies, la sta-