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consuelo.

ferai point la description, quoique ce fût bien le cas de dire :

Ce n’était que festons, ce n’était qu’astragales.

La toile du théâtre se leva ; la scène représentait l’Olympe ni plus ni moins. Les déesses s’y disputaient le cœur du berger Pâris, et le concours des trois divinités principales faisait les frais de la pièce. Elle était écrite en italien, ce qui fit dire tout bas au Porpora, en s’adressant à Consuelo :

« Le sauvage, le chinois et le lilliputien n’étaient rien ; voilà enfin de l’iroquois. »

Vers et musique, tout était de la fabrique du comte. Les acteurs et les actrices valaient bien leurs rôles. Après une demi-heure de métaphores et de concetti sur l’absence d’une divinité plus charmante et plus puissante que toutes les autres, qui dédaignait de concourir pour le prix de la beauté, Pâris s’étant décidé à faire triompher Vénus, cette dernière prenait la pomme, et, descendant du théâtre par un gradin, venait la déposer au pied de la margrave, en se déclarant indigne de la conserver, et s’excusant d’avoir osé la briguer devant elle. C’était Consuelo qui devait faire ce rôle de Vénus, et comme c’était le plus important, ayant à chanter à la fin une cavatine à grand effet, le comte Hoditz, n’ayant pu en confier la répétition à aucune de ses coryphées, prit le parti de le remplir lui-même, tant pour faire marcher cette répétition que pour faire sentir à Consuelo l’esprit, les intentions, les finesses et les beautés du rôle. Il fut si bouffon en faisant sérieusement Vénus, et en chantant avec emphase les platitudes pillées à tous les méchants opéras à la mode et mal cousues dont il prétendait avoir fait une partition, que personne ne put garder son sérieux. Il était trop animé par le soin de