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chevaux. Il offrit même au comte de visiter ses écuries, s’il avait quelques bêtes à vendre. Il voyageait à cheval, et s’en retournait le soir même.

« Je ne le souffrirai pas, dit le comte. Je n’ai pas de chevaux à vous vendre dans ce moment. Je n’en ai pas même assez pour les nouveaux embellissements que je veux faire à mes jardins. Mais je veux faire une meilleure affaire en jouissant de votre société le plus longtemps qu’il me sera possible.

— Mais nous avons appris, en arrivant ici, que vous attendiez d’heure en heure madame la comtesse Hoditz ; et, ne voulant point être à charge, nous nous retirerons aussitôt que nous l’entendrons arriver.

— Je n’attends madame la comtesse margrave que demain, répondit le comte ; elle arrivera ici avec sa fille, madame la princesse de Culmbach. Car vous n’ignorez peut-être pas, messieurs, que j’ai eu l’honneur de faire une noble alliance…

— Avec la margrave douairière de Bareith, repartit assez brusquement le baron de Kreutz, qui ne parut pas aussi ébloui de ce titre que le comte s’y attendait.

— C’est la tante du roi de Prusse ! reprit-il avec un peu d’emphase.

— Oui, oui, je le sais ! répliqua l’officier prussien en prenant une large prise de tabac.

— Et comme c’est une dame admirablement gracieuse et affable, continua le comte, je ne doute pas qu’elle n’ait un plaisir infini à recevoir et à traiter de braves serviteurs du roi son illustre neveu.

— Nous serions bien sensibles à un si grand honneur, dit le baron en souriant ; mais nous n’aurons pas le loisir d’en profiter. Nos devoirs nous rappellent impérieusement à notre poste, et nous prendrons congé de Votre Excellence ce soir même. En attendant, nous serions bien