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consuelo.

raison sans qu’aucun témoin pût commenter et interpréter à son gré cette scène bizarre.

Il comprit une partie de sa pensée, et alla pousser la porte, mais sans la fermer entièrement.

« Vraiment, madame, lui dit-il en revenant vers elle, ce serait folie de vous exposer à la méchanceté des passants, et il faut que cette querelle se termine entre nous deux seulement. Écoutez-moi ; je vois vos craintes, et je comprends les scrupules de votre amitié pour Corilla. Votre honneur, votre réputation de loyauté, me sont plus chers encore que les moments précieux où je vous contemple sans témoins. Je sais bien que cette panthère, dont j’étais épris encore il y a une heure, vous accuserait de trahison si elle me surprenait à vos pieds. Elle n’aura pas ce plaisir : les moments sont comptés. Elle en a encore pour dix minutes à divertir le public par ses minauderies. J’ai donc le temps de vous dire que si je l’ai aimée, je ne m’en souviens déjà pas plus que de la première pomme que j’ai cueillie ; ainsi ne craignez pas de lui enlever un cœur qui ne lui appartient plus, et d’où rien ne pourra effacer désormais votre image. Vous seule, madame, régnez sur moi et pouvez disposer de ma vie. Pourquoi hésiteriez-vous ? Vous avez, dit-on, un amant ; je vous en débarrasserai avec une chiquenaude. Vous êtes gardée à vue par un vieux tuteur sombre et jaloux ; je vous enlèverai à sa barbe. Vous êtes traversée au théâtre par mille intrigues ; le public vous adore, il est vrai ; mais le public est un ingrat qui vous abandonnera au premier enrouement que vous aurez. Je suis immensément riche, et je puis faire de vous une princesse, presque une reine, dans une contrée sauvage, mais où je puis vous bâtir, en un clin d’œil, des palais et des théâtres plus beaux et plus vastes que ceux de la cour de Vienne. S’il vous