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consuelo.

pays-ci n’y manquent point. Mais les jeunes me rendent plus de justice ; elles savent que si je suis un peu rude dans mes façons avec les ennemis de la patrie, je suis très-facile à apprivoiser quand elles veulent s’en donner la peine. »

Et, se penchant vers le miroir où Consuelo feignait de se regarder, il attacha sur elle ce regard à la fois voluptueux et féroce dont la Corilla avait subi la brutale fascination. Consuelo vit qu’elle ne pouvait se débarrasser de lui qu’en l’irritant.

« Monsieur le baron, lui dit-elle, ce n’est pas de la peur que vous m’inspirez, c’est du dégoût et de l’aversion. Vous aimez à tuer, et moi je ne crains pas la mort ; mais je hais les âmes sanguinaires, et je connais la vôtre. J’arrive de Bohême, et j’y ai trouvé la trace de vos pas. »

Le baron changea de visage, et dit en haussant les épaules et en se tournant vers la Corilla :

« Quelle diablesse est-ce là ? La baronne de Lestock, qui m’a tiré un coup de pistolet à bout portant dans une rencontre, n’était pas plus enragée contre moi ! Aurais-je écrasé son amant par mégarde en galopant sur quelque buisson ? Allons, ma belle, calmez-vous ; je voulais plaisanter avec vous. Si vous êtes d’humeur revêche, je vous salue ; aussi bien je mérite cela pour m’être laissé distraire un moment de ma divine Corilla.

— Votre divine Corilla, répondit cette dernière, se soucie fort peu de vos distractions, et vous prie de vous retirer ; car, dans un instant, le directeur va venir faire sa tournée, et à moins que vous ne vouliez faire un esclandre…

— Je m’en vais, dit le baron ; je ne veux pas t’affliger et priver le public de la fraîcheur de tes accents en te