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consuelo.

horribles figures ne s’effaceront jamais de devant mes yeux. »

La pauvre femme fit alors avec beaucoup de fidélité le signalement de Pistola, du borgne et du silencieux.

« Il y en avait, dit-elle, un quatrième qui restait auprès du cheval et qui ne se mêlait de rien. Il avait une grosse figure indifférente qui me paraissait encore plus cruelle que les autres ; car, pendant que je pleurais et qu’on battait mon mari, en l’attachant avec des cordes comme un assassin, ce gros-là chantait, et faisait la trompette avec sa bouche comme s’il eût sonné une fanfare : broum, broum, broum, broum. Ah ! quel cœur de fer !

— Eh bien, c’est Mayer, dit Consuelo à Joseph. En doutes-tu encore ? n’a-t-il pas ce tic de chanter et de faire la trompette à tout moment ?

— C’est vrai, dit Joseph. C’est donc Karl que nous avons vu délivrer ? Grâces soient rendues à Dieu !

— Ah ! oui, grâces au bon Dieu avant tout ! dit la pauvre femme en se jetant à genoux. Et toi, Maria, dit-elle à sa petite fille, baise la terre avec moi pour remercier les anges gardiens et la sainte Vierge. Ton papa est retrouvé, et nous allons bientôt le revoir.

— Dites-moi, chère femme, observa Consuelo, Karl a-t-il aussi l’habitude de baiser la terre quand il est bien content ?

— Oui, mon enfant ; il n’y manque pas. Quand il est revenu après avoir déserté, il n’a pas voulu passer la porte de notre maison sans en avoir baisé le seuil.

— Est-ce une coutume de votre pays ?

— Non ; c’est une manière à lui, qu’il nous a enseignée, et qui nous a toujours réussi.

— C’est donc bien lui que nous avons vu, reprit Consuelo ; car nous lui avons vu baiser la terre pour remer-