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consuelo.

seigneurs allemands, et l’on ne songeait pas à être difficile pour sa voix un peu éraillée, pour son jeu un peu épileptique. Tout était beau de la part d’une si belle personne ; ses épaules de neige filaient des sons admirables, ses bras ronds et voluptueux chantaient toujours juste, et ses poses superbes enlevaient d’emblée les traits les plus hasardés. Malgré le purisme musical dont on se piquait là, on y subissait, tout comme à Venise, la fascination du regard langoureux ; et madame Corilla préparait, dans son boudoir, plusieurs fortes têtes à l’enthousiasme et à l’entraînement de la représentation.

Elle se présenta donc hardiment pour chanter, par intérim, les rôles de madame Tesi ; mais l’embarras était de se faire remplacer elle-même dans ceux qu’elle avait chantés jusque-là. La voie flûtée de madame Holzbaüer ne permettait pas qu’on y songeât. Il fallait donc laisser arriver Consuelo, ou se contenter à peu de frais. Le Porpora s’agitait comme un démon ; Métastase, horriblement mécontent de la prononciation lombarde de Corilla, et indigné du tapage qu’elle faisait pour effacer les autres rôles (contrairement à l’esprit du poëme, et en dépit de la situation), ne cachait plus son éloignement pour elle et sa sympathie pour la consciencieuse et intelligente Porporina. Caffariello, qui faisait la cour à madame Tesi (laquelle madame Tesi détestait déjà cordialement la Corilla pour avoir osé lui disputer ses effets et le sceptre de la beauté), déclamait hardiment pour l’admission de Consuelo. Holzbaüer, jaloux de soutenir l’honneur de sa direction, mais effrayé de l’ascendant que Porpora saurait bientôt prendre s’il avait un pied seulement dans la coulisse, ne savait où donner de la tête. La bonne conduite de Consuelo lui avait concilié assez de partisans pour qu’il fût difficile d’en imposer plus longtemps à l’impératrice. Par suite de tous ces motifs, Consuelo reçut des propositions. En les fai-