vieillards, que l’amour a un terme et que le chagrin ne tue personne.
XCIII.
Dans l’attente d’une réponse qu’elle ne devait pas recevoir, puisque le Porpora avait brûlé sa lettre, Consuelo continua le genre de vie studieux et calme qu’elle avait adopté. Sa présence attira chez la Wilhelmine quelques personnes fort distinguées qu’elle eut grand plaisir à y rencontrer souvent, entre autres, le baron Frédéric de Trenck, qui lui inspirait une vraie sympathie. Il eut la délicatesse de ne point l’aborder, la première fois qu’il la revit, comme une ancienne connaissance, mais de se faire présenter à elle, après qu’elle eut chanté, comme un admirateur profondément touché de ce qu’il venait d’entendre. En retrouvant ce beau et généreux jeune homme qui l’avait sauvée si bravement de M. Mayer et de sa bande, le premier mouvement de Consuelo fut de lui tendre la main. Le baron, qui ne voulait pas qu’elle fît d’imprudence par gratitude pour lui, se hâta de prendre sa main respectueusement comme pour la reconduire à sa chaise, et il la lui pressa doucement pour la remercier. Elle sut ensuite par Joseph, dont il prenait des leçons de musique, qu’il ne manquait jamais de demander de ses nouvelles avec intérêt, et de parler d’elle avec admiration ; mais que, par un sentiment d’exquise discrétion, il ne lui avait jamais adressé la moindre question sur le motif de son déguisement, sur la cause de leur aventureux voyage, et sur la nature des sentiments qu’ils pouvaient avoir eus, ou avoir encore l’un pour l’autre.
« Je ne sais ce qu’il en pense, ajouta Joseph : mais je