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consuelo.

— Rappelez-vous, maître, répondit Consuelo, ce que nous avons dit du grand ministre Kaunitz en sortant de chez la margrave.

— Nous avons dit que c’était une vieille commère. Eh bien, il nous a desservis ?

— Sans aucun doute ; et je vous dis maintenant : Sa Majesté l’impératrice, reine de Hongrie, est aussi une commère. »

XCII.

Consuelo ne raconta au Porpora que ce qu’il devait savoir des motifs de Marie-Thérèse dans l’espèce de disgrâce où elle venait de faire tomber notre héroïne. Le reste eût affligé, inquiété et irrité peut-être le maestro contre Haydn sans remédier à rien. Consuelo ne voulut pas dire non plus à son jeune ami ce qu’elle taisait au Porpora. Elle méprisait avec raison quelques vagues accusations qu’elle savait bien avoir été forgées à l’impératrice par deux ou trois personnes ennemies, et qui n’avaient nullement circulé dans le public. L’ambassadeur Corner, à qui elle jugea utile de tout confier, la confirma dans cette opinion ; et, pour éviter que la méchanceté ne s’emparât de ces semences de calomnie, il arrangea sagement et généreusement les choses. Il décida le Porpora à demeurer dans son hôtel avec Consuelo, et Haydn entra au service de l’ambassade et fut admis à la table des secrétaires particuliers. De cette manière le vieux maestro échappait aux soucis de la misère, Joseph continuait à rendre au Porpora quelques services personnels, qui le mettaient à même de l’approcher souvent et de prendre ses leçons, et Consuelo était à couvert des malignes imputations.

Malgré ces précautions, la Corilla fut engagée à la