protégée. Elle a donné le jour dernièrement à un enfant qu’elle a mis entre les mains d’un respectable et laborieux ecclésiastique, monsieur le chanoine ***, afin qu’il lui donnât une éducation chrétienne ; et, sans aucun doute, ce digne personnage ne se serait point chargé d’un tel fardeau, s’il n’eût reconnu que la mère avait droit à toute son estime.
— Je n’en fais aucun doute non plus, » répondit la jeune fille, consolée, au milieu de son indignation, de voir que le chanoine était approuvé, au lieu d’être censuré pour cette adoption qu’elle lui avait elle-même arrachée.
« C’est ainsi qu’on écrit l’histoire, et c’est ainsi qu’on éclaire les rois, se dit-elle lorsque l’impératrice fut sortie de l’appartement d’un grand air, et en lui faisant, pour salut, un léger signe de tête. Allons ! au fond des plus mauvaises choses, il se fait toujours quelque bien ; et les erreurs des hommes ont parfois un bon résultat. On n’enlèvera pas au chanoine son bon prieuré ; on n’enlèvera pas à Angèle son bon chanoine ; la Corilla se convertira, si l’impératrice s’en mêle ; et moi, je ne me suis pas mise à genoux devant une femme qui ne vaut pas mieux que moi. »
« Eh bien, s’écria d’une voix étouffée le Porpora, qui l’attendait dans la galerie en grelottant et en se tordant les mains d’inquiétude et d’espérance ; j’espère que nous l’emportons !
— Nous échouons au contraire, mon bon maître.
— Avec quel calme tu dis cela ! Que le diable t’emporte !
— Il ne faut pas dire cela ici, maître ! Le diable est fort mal vu à la cour. Quand nous aurons franchi la dernière porte du palais, je vous dirai tout.
— Eh bien, qu’est-ce ? reprit le Porpora avec impatience lorsqu’ils furent sur le rempart.