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mes cheveux changeait donc bien ma physionomie, pour que cet homme, qui me regardait là-bas avec des yeux si clairs et si perçants, ne me reconnaisse pas du tout ici ?

— Le comte Hoditz ne vous a pas reconnue non plus la première fois qu’il vous a revue chez l’ambassadeur, reprenait Joseph, et peut-être que s’il n’eût pas reçu votre billet, il ne vous eût jamais reconnue.

— Bien ! mais le comte Hoditz a une manière vague et nonchalamment superbe de regarder les gens, qui fait qu’il ne voit réellement point. Je suis sûre qu’il n’eût point pressenti mon sexe, à Passaw, si le baron de Trenck ne l’en eût avisé ; au lieu que le Holzbaüer, dès qu’il m’a revue ici, et chaque fois qu’il me rencontre, me regarde avec ces mêmes yeux attentifs et curieux que je lui ai trouvés au presbytère. Pour quel motif me garde-t-il généreusement le secret sur une folle aventure qui pourrait avoir pour ma réputation des suites fâcheuses s’il voulait l’interpréter à mal, et qui pourrait même me brouiller avec mon maître, puisqu’il croit que je suis venue à Vienne sans détresse, sans encombre et sans incidents romanesques, tandis que ce même Holzbaüer dénigre sous main ma voix et ma méthode, et me dessert le plus possible pour n’être point forcé à m’engager ! Il me hait et me repousse, et, ayant dans la main de plus fortes armes contre moi, il n’en fait point usage ! Je m’y perds ! »

Le mot de cette énigme fut bientôt révélé à Consuelo ; mais avant de lire ce qui lui arriva, il faut qu’on se rappelle qu’une nombreuse et puissante coterie travaillait contre elle ; que la Corilla était belle et galante ; que le grand ministre Kaunitz la voyait souvent ; qu’il aimait à se mêler au tripotage de coulisses, et que Marie-Thérèse, pour se délasser de ses graves travaux, s’amu-