Page:Sand - Consuelo - 1856 - tome 3.djvu/190

Cette page a été validée par deux contributeurs.
180
consuelo.

ont un arôme moins pur et moins pénétrant. Qu’est-ce donc qui se passe ici ? Si mon volkameria n’était point mort, hélas ! je croirais que c’est lui que je respire ! Pauvre plante ! je n’y veux plus penser. »

Mais tout à coup le chanoine fit un cri de surprise et d’admiration en voyant s’élever devant lui, dans une caisse, le plus magnifique volkameria qu’il eût vu de sa vie, tout couvert de ses grappes de petites roses blanches doublées de rose, dont le suave parfum remplissait la serre et dominait toutes les vulgaires senteurs éparses à l’entour.

« Est-ce un prodige ? D’où me vient cet avant-goût du paradis, cette fleur du jardin de Béatrix ? s’écria-t-il dans un ravissement poétique.

— Nous l’avons apporté dans notre voiture avec tous les soins imaginables, répondit Consuelo ; permettez-nous de vous l’offrir en réparation d’une affreuse imprécation sortie de ma bouche un certain jour, et dont je me repentirai toute ma vie.

— Oh ! ma chère fille ! quel don, et avec quelle délicatesse il est offert ! dit le chanoine attendri. Ô cher volkameria ! tu auras un nom particulier comme j’ai coutume d’en donner aux individus les plus splendides de ma collection ; tu t’appelleras Bertoni, afin de consacrer le souvenir d’un être qui n’est plus et que j’ai aimé avec des entrailles de père.

— Mon bon père, dit Consuelo en lui serrant la main, vous devez vous habituer à aimer vos filles autant que vos fils. Angèle n’est point un garçon…

— Et la Porporina est ma fille aussi ! dit le chanoine ; oui, ma fille, oui, oui, ma fille ! » répéta-t-il en regardant alternativement Consuelo et le volkameria-Bertoni avec des yeux remplis de larmes.

À six heures, Joseph et Consuelo étaient rentrés au