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dres du fleuve au sein des plaines fertiles de l’Autriche. De là aussi ils virent un spectacle qui les réjouit fort : ce fut la berline du comte Hoditz, qui entrait triomphalement dans la ville. Ils reconnurent la voiture et la livrée, et s’amusèrent à lui faire, de trop loin pour être aperçus de lui, de grands saluts jusqu’à terre. Enfin, le soir, s’étant rendus au rivage, ils y retrouvèrent leur bateau chargé de marchandises de transport pour Mœlk, et ils firent avec joie un nouveau marché avec leur vieux pilote. Ils s’embarquèrent avant l’aube, et virent briller les étoiles sereines sur leurs têtes, tandis que le reflet de ces astres courait en longs filets d’argent sur la surface mouvante du fleuve. Cette journée ne fut pas moins agréable que la précédente. Joseph n’eut qu’un chagrin, ce fut de penser qu’il se rapprochait de Vienne, et que ce voyage, dont il oubliait les souffrances et les périls pour ne se rappeler que ses délicieux instants, allait bientôt toucher à son terme.

À Mœlk, il fallut se séparer du brave pilote, et ce ne fut pas sans regret. Ils ne trouvaient pas dans les embarcations qui s’offrirent pour les mener plus loin les mêmes conditions d’isolement et de sécurité. Consuelo se sentait reposée, rafraîchie, aguerrie contre tous les accidents. Elle proposa à Joseph de reprendre leur route à pied jusqu’à nouvelle occurrence. Ils avaient encore vingt lieues à faire, et cette manière d’aller n’était pas fort abréviative. C’est que Consuelo, tout en se persuadant qu’elle était impatiente de reprendre les habits de son sexe et les convenances de sa position, était au fond du cœur, il faut bien l’avouer, aussi peu désireuse que Joseph de voir la fin de son expédition. Elle était trop artiste par toutes les fibres de son organisation, pour ne pas aimer la liberté, les hasards, les actes de courage et d’adresse, le spectacle continuel et varié de cette nature