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consuelo.

ajouta-t-il après un instant de silence et de réflexion, et vous me prouvez qu’on peut faire son salut là comme ailleurs. Certainement, si vous persistez à être aussi pure et aussi généreuse que vous l’avez été jusqu’à ce jour, vous aurez mérité le ciel, mon cher Bertoni !… Je vous le dis comme je le pense, ma chère Porporina !

— Maintenant, monsieur le chanoine, dit Consuelo en se levant, donnez-moi des nouvelles d’Angèle avant que je prenne congé de votre révérence.

— Angèle se porte bien et vient à merveille, répondit le chanoine. Ma jardinière en prend le plus grand soin, et je la vois à tout instant qui la promène dans mon parterre. Elle poussera au milieu des fleurs, comme une fleur de plus sous mes yeux, et quand le temps d’en faire une âme chrétienne sera venu, je ne lui épargnerai pas la culture. Reposez-vous sur moi de ce soin, mes enfants. Ce que j’ai promis à la face du ciel, je l’observerai religieusement. Il paraît que madame sa mère ne me disputera pas ce soin ; car, bien qu’elle soit à Vienne, elle n’a pas envoyé une seule fois demander des nouvelles de sa fille.

— Elle a pu le faire indirectement, et sans que vous l’ayez su, répondit Consuelo ; je ne puis croire qu’une mère soit indifférente à ce point. Mais la Corilla brigue un engagement au théâtre de la cour. Elle sait que Sa Majesté est fort sévère, et n’accorde point sa protection aux personnes tarées. Elle a intérêt à cacher ses fautes, du moins jusqu’à ce que son engagement soit signé. Gardons-lui donc le secret.

— Et elle vous fait concurrence cependant ! s’écria Joseph ; et on dit qu’elle l’emportera par ses intrigues ; qu’elle vous diffame déjà dans la ville ; qu’elle vous a présentée comme la maîtresse du comte Zustiniani. On a parlé de cela à l’ambassade, Keller me l’a dit… On en