honneur qu’elle vient de nous attirer, dit M. Holzbaüer, qui se trouvait là, et dont l’aplatissement avait quelque chose de plus contenu que celui de Reuter. C’est affaire à vous, signora, de parler avec les têtes couronnées. On dirait que vous n’avez fait autre chose toute votre vie.
— Je n’ai jamais parlé avec aucune tête couronnée, répondit tranquillement Consuelo, qui n’entendait point malice aux insinuations de Holzbaüer ; et sa majesté ne m’a point procuré un tel avantage ; car elle semblait, en m’interrogeant, m’interdire l’honneur ou m’épargner le trouble de lui répondre.
— Tu aurais peut-être souhaité faire la conversation avec l’impératrice ? dit le Porpora d’un air goguenard.
— Je ne l’ai jamais souhaité, repartit Consuelo naïvement.
— C’est que mademoiselle a plus d’insouciance que d’ambition, apparemment, reprit le Reuter avec un dédain glacial.
— Maître Reuter, dit Consuelo avec confiance et candeur, êtes-vous mécontent de la manière dont j’ai chanté votre musique ? »
Reuter avoua que personne ne l’avait mieux chantée, même sous le règne de l’auguste et à jamais regretté Charles VI.
« En ce cas, dit Consuelo, ne me reprochez pas mon insouciance. J’ai l’ambition de satisfaire mes maîtres, j’ai l’ambition de bien faire mon métier ; quelle autre puis-je avoir ? quelle autre ne serait ridicule et déplacée de ma part ?
— Vous êtes trop modeste, mademoiselle, reprit Holzbaüer. Il n’est point d’ambition trop vaste pour un talent comme le vôtre.
— Je prends cela pour un compliment plein de galanterie, répondit Consuelo ; mais je ne croirai vous avoir